dijous, 7 de gener del 2010

Que sont les marxistes devenus ?

RUSSIEQue sont les marxistes devenus ?

Un artiste britannique retrouve les anciens professeurs de marxisme du bloc de l’Est. Son documentaire, Marxism Today, sera présenté à la Biennale de Berlin l’été prochain, nous apprend The Moscow Times.

06.01.2010 | Ksenia Galouchko | The Moscow Times

Repères

Phil CollinsPhil Collins est un jeune artiste vidéaste, né en 1970, en Angleterre. Il a été nominé au prix Turner en 2006. Il réalise des documentaires depuis 1999 et a travaillé dans le monde entier, notamment en Serbie, au Kosovo, en Irak, en Turquie et en Amérique du Sud. Parmi ses œuvres les plus connues figurentBaghdad Screen Tests (2002), réalisé avant l’invasion américaine, et dans lequel des Irakiens se livrent à des bouts d’essai devant la caméra. En 2004, They Shoot Horsesmet en scène neuf Palestiniens de Ramallah qui participent à un marathon de danse. En 2005,The World Won’t Listens’intéresse de nouveau à des jeunes de Colombie, de Turquie et d’Indonésie qui interprètent des tubes des Smiths dans un karaoké.

Il y a vingt ans, le capitalisme semblait avoir vaincu. Les anciennes républiques socialistes s’effondraient les unes après les autres et se détournaient de Marx pour mieux contempler les billets verts et l’économie de marché. Aujourd’hui, alors que le système capitaliste vient d’essuyer une année de crise financière, un artiste britannique, Phil Collins, se lance à la recherche d’anciens enseignants de l’idéologie marxiste en Russie et en Allemagne afin de recueillir leur opinion sur le monde sans socialisme.“Avec le vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin et tous les bouleversements qu’a connus l’Europe ces vingt dernières années, j’ai commencé à me demander ce qu’étaient devenus les anciens professeurs de l’idéologie marxiste après 1989. Avaient-ils suivi une nouvelle formation ? Avaient-ils changé de travail ?” explique Phil Collins. Il souhaite obtenir des entretiens filmés avec d’anciens professeurs du marxisme-léninisme en Russie et en ex-Allemagne de l’Est. “Peu importe ce qu’ils sont devenus. Ils peuvent être profs de sport ou hommes d’affaires, précise Collins. Je voudrais voir comment leur relation au marxisme a évolué avec le temps, voir si les gens croyaient plus au marxisme dans les années 1960-1970 que dans les années 1980 ; savoir quand a commencé la désillusion pour eux.”

Dans l’ancienne Union soviétique, les enfants commençaient à apprendre le marxisme-léninisme à l’école, en cours d’histoire. Plus tard, l’enseignement du marxisme était dispensé à l’université sous diverses formes, telles que la philosophie marxiste-léniniste, l’économie politique, le communisme scientifique et le matérialisme historique et dialectique. Boris Kagarlitski fait partie de ces anciens professeurs soviétiques qui n’ont pas cédé aux sirènes du capitalisme. Devenu aujourd’hui observateur politique et directeur de l’Institute of Globalization and Social Movements à Moscou, Kagarlitski se montre sceptique quant aux chances de trouver de véritables professeurs du marxisme. Peu d’entre eux avaient encore la foi dans les années 1980, et la plupart se sont adaptés au nouveau monde capitaliste de ces vingt dernières années.

“A ma connaissance, pas un seul professeur de la théorie marxiste-léniniste n’a souffert de l’effondrement de l’Union soviétique, confie-t-il.Tous ces gens se sont simplement transformés en analystes politiques et ont commencé à prêcher l’anticommunisme. Comme aucun d’entre eux ne croyait vraiment au marxisme, ils ont seulement changé la plaque sur la porte de leur bureau pour y inscrire “[Professeur en ]sciences politiques. Aujourd’hui, la Russie compte autant de spécialistes de sciences politiques qu’autrefois de professeurs de la théorie marxiste. Ces gens n’étaient qu’un outil de propagande aux mains du gouvernement et ils le sont toujours aujourd’hui”, déclare-t-il.

Karl Marx StadtDans le cadre de ses recherches, Collins s’est également rendu en Allemagne à Chemnitz, anciennement Karl Marx Stadt. Là, il a fait la connaissance de deux anciens professeurs. L’un est devenu sociologue, l’autre travaille comme interprète pour les immigrés. Une fois qu’il aura trouvé suffisamment de professeurs, Collins en choisira trois pour enseigner le marxisme à Manchester devant un public de jeunes étudiants britanniques. Collins a choisi Manchester parce que c’est dans cette ville que Karl Marx rencontra Friedrich Engels, avec qui il rédigera le fameux Manifeste du Parti communiste.

“Ils enseigneront l’idéologie marxiste dans des écoles publiques et privées comme s’ils étaient encore en 1988-1989. Cela devrait également mettre au jour les différences sociales au Royaume-Uni, où les divisions de classes sociales perdurent encore aujourd’hui, explique Phil Collins. A ce stade du projet, nous nous concentrerons sur les échanges entre ces enseignants du marxisme-léninisme et les jeunes d’aujourd’hui. S’ils sont capables de se comprendre, cela suscitera des questions. L’enseignement est une activité très intime et absolument captivante. Je suis impatient de pouvoir observer la dynamique de classe.”De son côté, Boris Kagarlitski reste sceptique : “Je ne doute pas que les anciens professeurs soient ravis d’accompagner Collins en Angleterre, mais je ne pense pas qu’ils soient capables d’apprendre quoi que ce soit aux jeunes sur place dans la mesure où eux-mêmes ne savent pas grand-chose du marxisme-léninisme.”

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